Sortir de l'histoire officielle

     


La bible
66 livres, plus de 40 auteurs et écritures étalés sur plus de 15 siècles

Mots, idées, concepts, personnalités repérés : Caïn, le mauvais larron, le Souffle divin,

Le souffle divin Par Delphine Horvilleur
«La spiritualité c’est l’esprit, le souffle du Divin dans les narines d’Adam.
C’est comme un souffle d’air et il faut du vide pour qu’il y ait un passage.
On ne peut pas être spirituel que s’il y a en nous du vide, de l’espace en nous. Si vous êtes plein de certitudes, plein de nous même, vous ne pouvez pas être spirituel. Car il n’y a pas d’espace pour que quelque chose souffle en vous.
La spiritualité c’est la conscience en soi d’un vide intérieur qui marche dans la main avec le doute.»

« je considère Caïn comme un fameux type » dans Demian de Hermann Hesse
« … Ce qui est à l'origine de l'histoire, c'est le signe. Il était un homme dont le visage reflétait quelque chose qui inspirait la terreur aux autres. Ils n'osaient le toucher. Lui et ses enfants leur en imposaient. Sans doute, ou plutôt sûrement, ce n'était pas un signe réel sur le front, comme un sceau, par exemple. Dans la vie, les choses se présentent rarement de façon aussi grossière. C'était un je ne sais quoi d'inquiétant, une nuance en plus d'intelligence et de hardiesse dans le regard, à laquelle les autres hommes n'étaient pas habitués. Cet homme possédait la puissance. Devant lui, l'on tremblait. Il avait un « signe ». On pouvait l'expliquer comme on voulait, et l'on veut toujours ce qui tranquillise et ce qui vous convient. On avait peur des enfants de Caïn ; ils avaient un « signe ». Aussi, l'on interpréta ce signe, non pour ce qu'il était en réalité, c'est-à-dire une distinction, mais pour le contraire. On déclara que les individus, qui possédaient ce signe étaient inquiétants, et ils l'étaient, en vérité. Les gens courageux, les gens qui ont une forte personnalité, sont toujours peu rassurants. Qu'il existât une race d'hommes hardis, à la mine inquiétante, était fort gênant. Aussi, leur donna-t-on un surnom et l'on inventa ce mythe pour se venger d'eux et pour se garantir de la frayeur qu'ils inspiraient. ...
… De si vieilles histoires sont toujours vraies, mais elles ne sont pas toujours aussi frappantes et ne sont pas toujours expliquées dans leur véritable sens. Bref, je considère Caïn comme un fameux type, et j'estime que c'est uniquement à cause de la crainte qu'inspirait qu'on a inventé toute cette histoire. A l'origine, l'histoire n'était qu'un bruit qui courait parmi les gens, mais il est certain que Caïn et ses enfants portaient une sorte de « signe » et qu'ils étaient autres que la plupart des hommes.
...
… Le fort avait tué un faible. Que ce fût vraiment son frère, on peut en douter ; en somme, cela n'a aucune importance : tous les hommes sont frères. Donc un fort avait tué un faible. Peut-être était-ce un acte héroïque, peut-être non. Mais les autres, les faibles, étaient à présent pleins de frayeur. Ils se plaignirent, et, quand on leur demandait : « Pourquoi ne le tuez-vous pas? » ils ne répondaient pas: « Parce que nous sommes des lâches », mais : « On ne peut pas. Il a un « signe ) » Dieu l'a marqué. » C'est ainsi qu'est née la légende. »
Et le mauvais compagnon personnage de la Passion
La Passion et le mauvais larron « Le maître nous avait parlé du Golgotha. Le récit biblique des souffrances et de la mort du Sauveur m'avait toujours profondément impressionné et, dans mon enfance, le Vendredi saint, après la lecture par mon père du récit de la Passion, je vivais intimement, plein d'émotion et de ferveur sacrées, dans ce monde douloureux, pâle et beau, fantomal et cependant infiniment vivant : à Gethsémani et sur le Golgotha. Et, pendant l'audition de « la Passion selon saint Mathieu » de Bach, la souffrance obscure, puissante et éclatante de ce monde mystérieux me submergea d'un îlot de frissons mystiques. Aujourd'hui encore, je trouve dans cette musique et dans « l'Actus tragicus » l'expression de tout art et de toute poésie.
A la fin de la leçon, Demian me dit d'un air pensif : « Il y a là, Sinclair, un aspect qui me déplaît. Relis l'histoire et goûte-la sur la pointe de la langue ; il y a là quelque chose de fade : le passage qui concerne les deux larrons. Elle est sublime cette évocation des trois croix qui se dressent côte à côte sur la colline ! Mais voici qu'arrive ce récit sentimental, cette petite histoire de brochure pieuse qu'est la scène avec le bon larron ! Il a été un criminel ; il a commis Dieu sait quelles actions monstrueuses, et maintenant, il larmoie sur ses péchés et manifeste un repentir pleurard. Quelle valeur peut avoir, à deux pas de la tombe, un tel repentir, je te prie ? Mais ce n'est là qu'une histoire, inventée par les prêtres, douceâtre et malhonnête, onctueuse, attendrissante avec un arrière-fond édifiant. Si, aujourd'hui, tu avais à choisir un ami parmi ces deux lagons, auquel des deux accorderais-tu plutôt ta confiance ? Certes, non à ce converti pleurnichard, mais à l'autre. C'est là un type ! Il fait preuve de caractère. Il se moque d'une conversion, qui, vu sa situation, ne serait que belles phrases et, au dernier moment, il ne renonce pas lâchement au Diable qui a dû l'aider jusqu'à ce moment-là. C'est un caractère, et dans la Bible, les gens de caractère ne trouvent guère leur compte. Peut-être aussi était-il un descendant de Caïn. Qu'en penses-tu ? »
J'étais fortement troublé. J'avais cru interpréter de façon tout à fait personnelle cette histoire de la Passion et je constatais combien, au contraire, j'avais fait preuve de peu d'originalité, de peu d'imagination et de fantaisie. Cependant, la pensée hardie de Demian menaçait de renverser fatalement des idées auxquelles je croyais devoir rester attaché. Non, on ne pouvait en user ainsi avec tout et rien et pas davantage avec ce qu'il y avait de plus sacré ! »


Haut de page   Page en amont

Des visites régulières de ces pages mais peu de commentaires.
Y avez-vous trouvé ou proposez-vous de l'information, des idées de lectures, de recherches ... ?
Y avez-vous trouvé des erreurs historiques, des fautes d'orthographes, d'accords ... ?
Ce site n'est pas un blog, vous ne pouvez pas laisser de commentaires alors envoyez un mail par cette adresse
Contacts
Au plaisir de vous lire.