Spinoza

Weil4

Et oui ! Déjà au XVIIè siècle les politicards bonimentaient déjà :

La vaine Gloire, tout à fait d’actualité, citée dans l'Éthique de Baruch Spinoza (partie 4 scolie de la proposition 58) : «Ce que l’on appelle la vaine Gloire est une satisfaction de soi favorisé par la seule opinion de la foule ; quand cette opinion disparaît, disparaît aussi la satisfaction,c’est-à-dire le bien suprême, [être] aimé par chacun. C’est pourquoi celui qui se glorifie de l’opinion de la foule est angoissé par un souci quotidien, et il s’efforce, travaille et s’applique à conserver son renom. La foule est en effet diverse et inconstante et si le renom n’est pas entretenu, il disparaît bientôt. Mieux : comme tous désirent capter les applaudissements de la foule, chacun ruine aisément le renom d’autrui. ...».

Avant de passer au second philosophe voici un romancier, et pas des moindre, Honoré de Balzac, dans "Le cousin Pons" page 49 édition Poche : «... il se sentait à l'aise à l'hôtel Popinot, ..., sans doute à cause des objets d'art qui s'y trouvaient ; car l'ancien ministre avait, depuis son avènement en politique, contracté la manie de collectionner les belles choses, sans doute pour faire opposition à la politique qui collectionne secrètement les actions les plus laides.»

Et que fait ici Simone Weil ici, celle avec un W et morte en 1943 ?

Par son livre L'enracinement, publié par Albert Camus en 1949, son analyse de la fin de la troisième république est tout à fait d'actualité.

Nous retrouvons le rejet d’aujourd’hui de la politique par la population et ses causes.

Cette analyse devrait nous inciter à trouver d'autres voies pour notre gouvernance.

Voici quelques citations tirées de son texte L'enracinement. Le premier numéro de page indiqué est celui du Folio 141 et le deuxième est celui du pdf que l'on se procure par le lien suivant http://classiques.uqac.ca/classiques/ :

En premier la citation qui est tout à fait adaptée au sujet abordé dans ce site :

156 – 85 « … tout le jeu des institutions politiques étaient un objet de répulsion, de dérision et de mépris. Le mot même de politique s'était chargé d'une intensité de signification péjorative … « tout cela, c'est de la politique » … Aux yeux d'une partie des Français, la profession même de parlementaire – car c'était une profession – avait quelque chose d'infamant. Certains Français étaient fiers de s'abstenir de tout contact avec ce qu'ils nommaient « la politique », excepté le jour des élections, ou y compris ce jour ; d'autres regardaient leur député comme une espèce de domestique … pour servir leur intérêt particulier. Le seul sentiment qui tempérât le mépris des affaires publiques était l'esprit de parti, chez ceux du moins que cette maladie avait contaminés. »

P9 - 6« La notion d’obligation prime sur celle de droit … un homme considéré en lui-même, a seulement des devoirs … »

p10 - 7 « L'obligation ne lie que les êtres humains. Il n'y a pas d'obligations pour les collectivités comme telles. »

p 11 – 7 « Il y obligation envers tout être humain, du seul fait qu'il est un être humain, sans qu'aucune autre condition ait à intervenir, et quand même lui n'en reconnaîtrait aucune. »

p22 - 14 « la liberté des hommes de bonne volonté, quoique limité dans les faits, est totale dans la conscience … Ceux qui manquent de bonne volonté ou restent puérils ne sont jamais libres… »

p25 – 16 « L’initiative et la responsabilité, le sentiment d’être utile et même indispensable, sont des besoins vitaux … »

« [Pour le] chômeur [n’étant rien] dans la vie économique, le bulletin de vote n’a pas de sens pour lui. »

« l’homme … [doit pouvoir] s’approprier par la pensée l’œuvre tout entière de la collectivité dont il est membre, y compris les domaines où il n’a jamais ni décision à prendre ni avis à donner »

Elle rajoute « Toute collectivité … qui ne fournit pas ces satisfactions est tarée et doit être transformée. »

P51 – 32 « Là où il y a une vie civique, chacun se sent personnellement propriétaire des monuments publics, des jardins, etc. … »

p87 – 49 « L'État n'est pas particulièrement qualifié pour prendre la défense des malheureux. Il en est même à peu près incapable, s'il n'y est pas contraint par une nécessité de salut public urgente, évidente, et par une poussée de l'opinion. »

P154 – 84 « La perte du passé, collective ou individuelle, est la grande tragédie humaine … le phénomène totalitaire de l'État est constitué par une conquête que les pouvoirs publics exécutent sur les peuples dont ils ont la charge … afin d'avoir un meilleur instrument pour la conquête extérieure. »

157 – 85 « Quant aux lois sociales, jamais le peuple français, dans la mesure où il en était satisfait, ne les a regardées comme autre chose que comme des concessions arrachées à la mauvaise volonté des pouvoirs publics par une pression violente. »

« Chacun des régimes successifs ayant détruit à un rythme plus rapide la vie locale et régionale, elle avait finalement disparu. »